Toutes les bonnes choses ont une fin... je suis une habituée de l'éloignement, du déracinement... c'est quelque chose avec laquelle je vis, depuis que j'ai quitté ma ville natale en 1991... j'ai appris à rythmer ma vie de visites parentales à temps complet chez moi... j'ai investi dans un bon clic clac, des matelas, des lits pliants... plus j'en étale, plus je couche du monde, mieux c'est... vivre à cent pour cent avec ses parents, ses frères et soeurs, n'est pas toujours évident... on passe d'une autonomie, d'une liberté totale à une intrusion complète... les rythmes biologiques de chacun sont confrontés, les habitudes bouleversées... il faut presque mettre des post-it sur les portes de placard de cuisine, trop épuisée d'entendre quinze fois par jour "ma Véro, tu le ranges où ton sucre??? ... Véro!!!! elle marche comment ta cafetière????? Véro, comment il marche ton téléphone????" ... ça fait prendre des initiatives, des automatismes.... ça fait foncer chez Ikea et prendre du pratique... ça fait privilégier le fonctionnel à l'esthétique... ça enrichit beaucoup...
Bien sûr, ça permet de voir qu'on a oublié comment on vivait chez ses parents... qu'on ne pourrait plus revenir en arrière et redevenir une petite fille... qu'on a pris les commandes de sa vie, de son foyer, de sa progéniture.... qu'on a absorbé la personnalité de sa tendre moitié et adopté sa façon d'être... oubliant d'où on vient, qui on est...
Les parents le vivent comme une évolution, une maturité... des fois on entend "Mais c'est pas comme cela que je t'ai élevée pourtant!!!!" quand on laisse la petite dernière nous mener par le bout du nez... on essaye d'arrondir les angles quand belle-mère et gendre se confrontent quand celle-ci jète un truc hyper important qu'il ne fallait pas!!!... et vice-versa... je me souviens avoir été une louve quand j'ai accouché et ne pas avoir été tendre avec belle-maman... Jenfi a dû être très, très psychologue....
Cela fait partie de la règle du jeu... quand on vit loin de ceux qu'on aime...
Mes parents partent demain et je me sens vide, triste... cela a passé trop vite... avoir vu ma maison investie, mon lit prêté, fut un réel plaisir... j'aurais aimé que cela dure encore....
Bien sûr ils sont retraités, et rien ne presse... mais j'ai une mamie là-haut qui ne peut plus voyager et venir me voir, qui attend le retour de sa fille avec impatience... ma mère n'est pas tranquille de la savoir seule là-haut... me dire que ma maman sera tout à moi quand ma grand-mère ne sera plus est invivable... inconcevable... je dois vivre avec ce partage... pas très équitable... car ma mère ne vient chez moi que deux semaines par an... mais j'ai appris à l'accepter... et à apprivoiser le fait qu'après tout "c'est moi qui suis partie du Havre, c'est moi qui l'ai cherché..."
J'ai agi par amour... l'homme de ma vie est un fonctionnaire qui a une spécialité informatique rare dans son entreprise.... ils sont une quinzaine à avoir cette spécialisation, dans sa boîte, en France... je n'y peux rien.... je savais ce que je prenais en l'épousant...
Choisir, je n'ai jamais pu...
J'espère que ma maman va retrouver sa forme car la déprime a été son double pendant une semaine... j'ai fait avec... la calinant... je suis très destabilisée face à cela... si quelqu'un sait ce qu'il faut faire, je suis preneuse... secouer, sermonner, accompagner... laisser faire...?????
Je vais en Normandie à Pâques... 4 mois nous séparent....
Je vais profiter de la soirée un maximum...
Et ne pas aller sur le quai de gare demain matin, prétextant la garde des filles, pour ne pas pleurer quand le train partira...
Je le ferai chez moi, demain matin,quand je serai devant ma porte et que la main fébrile de ma maman s'agitera derrière la vitre de la voiture... disparaissant vers le bout de la rue, vers la vigne... doucement...
C'est toujours comme cela... trop court...
Heureusement mon frère est encore là jusqu'à dimanche soir....
Cela va m'aider à finir le week end avec un peu de mes racines... encore....
Nous allons arpenter la rue piétonne demain.... (celle qu'on voit sur la photo où je suis avec mes parents, prise l'été dernier).... Bordeaux et sa foule... sous la pluie probablement...
Je vais flâner et regarder les vitrines... cela me fera du bien....
Le shopping, l'achat compulsif, rien de tel pour éviter le blues, pas vrai?????
2 commentaires:
Ma maman à moi est reparti la veille du premier de l'An, après avoir passé une semaine avec nous. Une semaine bien triste, le premier Noël sans Oyé, et malgré toute la bonne volonté de merveilleuse merveille pour consoler sa grand-mère, et toute ma patience pour en faire autant, les larmes ont beaucoup coulé. Et c'est normal. Et j'ai beaucoup souri en te lisant: je nous ai vues, dans quelques années, quand nous rendrons visite à nos filles, leur dire "c'est pourtant pas comme ça que je t'ai élevée!"...:-) La vie est une roue qui tourne, finalement.
Ah le magasinage. Quelle thérapie! Je te comprend d'être tristournette! Elle habite loin ta mère! Dix heures de voiture! D'un autre coté, vous venez de passer du temps de qualité ensembles. Ne culpabilise pas d'avoir TA vie. C'est tout à fait normal. Nos enfants ne nous appartiennent pas, j'en suis la preuve vivante! Et les bons sentiments traversent l'espace, il n'y a pas de barrières.
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