lundi 8 octobre 2007

Temps libre

Ce concept me fait envie. J'ai l'impression qu'il a disparu pourtant depuis 1994, année de naissance de ma première fille... de lui-même, comme par enchantement... comme par évidence aussi. L'arrivée d'un enfant n'est-il pas un bouleversement annoncé???... Ne disons-nous pas adieu à nos grasses matinées de jeune couple pour une bonne dizaine d'années???.... Surtout quand l'euphorie du premier bébé rose en déclenche un second, un troisième?????
J'ai toujours en mémoire l'émotion de l'arrivée de ma Julie, celle racontée dans "treize ans plus tôt"... je me souviens avoir ressenti un bonheur méconnu, immense, merveilleux... un de ceux qu'on regrette d'avoir retardé... tant il est fabuleux... j'ai regardé ma jolie poupée avec des yeux certainement cernés et un visage tiré... une fatigue s'est abattue sur moi, résultat d'un stress et d'une sensation forte appelée "accouchement", dont on m'avait parlé mais que je ne voulais pas entendre... j'ai attendu dans une plénitude cotoneuse qu'on me remonte en chambre... j'aurais donné n'importe quoi pour dormir jusqu'à "pas d'heure" dès qu'on m'a mise dans un lit douillet... oh que oui!!!! Mais non, ma Julie jolie avait faim... et moi, elle me manquait, elle m'obsédait... il fallait que je la vois, la touche, la berce... cette poupée inconnue deux heures plus tôt avait pris un caractère vital, primordial, vicéral...
Depuis cette nuit de première naissance, je n'ai plus été la même... j''ai commencé à me mettre de côté pour laisser place à ma douce progéniture féminine qui s'est allongée avec bonheur...
Les complications de mise au monde ont inévitablement renforçé ma fatigue normale de maman... en plus de celle qu'on dit physique, il y a eu celle qu'on qualifie de mentale et de persistante... celle qui a accompagné les premières années de vie de Manon... celle qui a appelé son copain "le stress" à la rescousse... pour bien enfoncer le clou...
Les années ont défilé... le bonheur d'être parents ne m'a jamais fait regretté l'incapacité de refaire une nuit blanche de fiesta, une escapade à deux, quand bon me chantait... chaque étape avait été faite... et je me sentais épanouïe... mieux qu'avant... en adéquation avec mes choix...
Je suis une maman au foyer, et j'en suis ravie... mais je n'ai pas de temps pour moi, du moins, pas comme certaines le concoivent... je ne pars pas une heure de chez moi par semaine pour aller faire de la gym... c'est impossible car les plannings prévisionnels des deux enfants que je garde se chevauchent et peuvent s'étirer sur 11h00 de "travail" par jour... dans ce cas, je ne peux prétendre à aucune détente... et les rares soirées libérées, je les réserve pour les médecins, pour les filles, ou pour les incontournables : le coiffeur... les boutiques de fringues... les achats volumineux à faire avec mon homme... etc...
Les week-ends sont familiaux... nous n'avons pas notre famille sur place donc soit nous y allons... soit pour deux jours quand il s'agit de ma belle-famille, qui vit à une heure d'ici... soit nous partons pour une semaine dans le cas de mes parents qui vivent en Normandie... nous avons un cercle d'amis assez important... nous recevons beaucoup et sommes reçus... nous avons très peu de fin de semaine en solo... si cela arrive, on saute sur l'occasion pour aller là où on rêve de se rendre rien que nous 5... des fois aussi, c'est le seul moment de bricolage intense et dans ce cas, on culpabilise et on case une matinée piscine pour ne pas laisser les filles de côté pendant 48h... rien de tel pour nous achever!!! mais on aime ça!!!!
Nous gérons tout seuls notre vie, nos imprévus... aucune mamie n'a jamais pu être là pour me dépanner au pied levé... la seule fois où je me suis trouvée dans la même ville que ma maman, elle se remettait de son anévrisme... Il lui arrivait de faire un après-midi shopping avec Julie, grande et autonome, un mercredi par mois... elle faisait du mieux qu'elle pouvait, ce n'est pas évident de se remettre d'un AVC... mon papa a maintenant 78 ans et même si c'est un homme formidable et en bonne santé, garder trois enfants à la fois, en bas âge, nécessite un certain entraînement... ça bouge ce petit monde là!!!! je ne veux pas les fatiguer, ils sont adorables...
Mes beaux-parents ont souvent pris nos enfants sur de longues périodes... ils ont toujours su nous faciliter la vie, nous aider pour les préparatifs de déménagement... là dessus aussi, on ne peut rien redire...ils ont toujours été là pour nous, pour les coups durs... Leur jeunesse d'esprit et leur dynamisme les rendent souvent absents (chemin de compostelle, voyage, activité chorale, bénévolat...)... c'est bien de les savoir en pleine forme, ils sont très attachants tous les deux... et font leur maximum auprès de leurs trois enfants et 8 petits-enfants....
Nous sommes aimés et entourés, pas de doute... mais gestionnaires à temps plein de notre couvée... que nous baladons de ville en ville depuis dix ans... comme tout bon fonctionnaire muté tous les 4 matins... nous récoltons ce que nous semons... et nous avons donc pris l'habitude de tout faire à 5 sinon rien... nous sommes très soudés, indissociables.... et ça nous plaît!!!
Au jour d'aujourd'hui, je suis toujours sur un rythme soutenu... mes enfants ont grandi et ont de l'autonomie... mais ceux que je garde ont pris le relais... et me ramènent à la petite enfance et ses contraintes... aucune déconnexion du cerveau n'est possible, aucun répit...
Je vais bien finir par me "retrouver"... un jour, je ne pourrai plus tenir cette cadence... je le sais... mon corps me donne des alertes régulières... assez flippantes...
Comme ces vertiges du moment... sujet du billet précédent...
Je pense que je ne suis pas la seule à manquer de temps pour elle-même...
Je suis sûre que vous me comprenez, quelque part...
Je suis à l'aise dans la sur-activité, mal à l'aise dans la passivité...
Je ne peux en vouloir qu'à moi-même si je suis crevée, je fais tout à fond...
Laisser quelques tâches de côté ne me ferait pas de mal... au final... mais au moral, oui, car je serais verte à l'idée de reporter tout à plus tard!!!!
Ahlala, il est un peu tard pour changer...
Et il faudrait en plus le vouloir vraiment...
Chose dont je ne suis pas si sûre...
Du moins, pas dans l'immédiat...

6 commentaires:

Véro a dit…

très beau billet!

il n'est jamais trop tard pour changer si c'est ce que tu souhaites vraiment...

j'ai apprit au fils des années à ne pas culpabiliser parce que je m'accorde du temps pour moi et pour mon couple. Mais c'était un gros travail parce que la société ne valorise pas ca quand tu as des enfants.

j'ai besoin de cette équilibre dans ma vie, sinon je coule!

les mamans oiseaux doivent quitter le nid pour alller chercher de la nourriture... sans quoi tout le monde en meurt!

j'aime bien m'inspirer de la nature pour harmoniser mon existence.

bisou

pistache a dit…

Moi et mon mari quand les enfants se couchent (max 20 heures). On prend ca relaxe. On prends du temps pour nous. Pas de vaiselle,ménage,lavage apres cette heure a moins d'un extreme urgence. Si on ne ferait pas ca on arreterait jamais.

Moi aussi j'ai appris a moins culpabilisé. Chez moi il y a toujours quelques choses qui traine ou un endroit a épousseter.
Si je voudrais je pourrais en faire 24 heures sur 24.Quand je vais chez quelqu'un que tout est propre et rangé. Ouf! Moi avec mes 4 enfants , je suis pas capable d'en faire autant. Il me faut un équilibre.

Véro a dit…

Vous avez raison toutes les deux, les filles!!! faut que j'en laisse de côté...
Du bon temps, j'en ai, les week end sont vraiment rien que pour nous, et j'en suis ravie... mais c'est vrai, seule, je le suis rarement... et en fait, j'aime pas trop!!!
Côté nature, on va souvent à droite et à gauche, chez les uns et les autres, mer, montagne, campagne... capitale!!! bref, on voit du pays, y a pas à dire!!!
Côté fatigue, elle vient surtout du fait que j'ai un dos capricieux, et un travail qui ne va pas avec... l'hernie discale que j'ai est calcifiée et inopérable, donc je jongle régulièrement... avant je gérais... mais depuis un an, elle est devenue de type paralysante et m'enlève toute la motricité de ma jambe droite... je le vis assez mal... je ne peux pas m'arrêter de travailler quand ça me prend car c'est difficile pour les parents de trouver quelqu'un le matin où je leur annonce... et puis j'ai une activité libérale donc perte de salaire si maladie...
J'ai eu une crise il y a quinze jours et ça met du temps à partir... la journée ça va mais la nuit je dors mal par la douleur... et moi sans mes nuits, je suis en chute libre...
Le magnésium m'aide bien en ce moment... j'ai aussi un traitement ostéoporose-arthrose car je suis déjà bien servie de ce côté-là...
Chaque entrée dans l'automne, je jongle... je le sais...
Ceci dit, tu as raison Pistache, faut s'accorder du temps à deux... jenfi et moi, on a des soirées rien qu'à nous... et puis nos filles sont grandes, elles ne nous fatiguent pas...
ce qui me mine aussi beaucoup et que je ne dis pas, c'est la maladie mentale de ma fille Zoé, c'est un combat sans fin... et là, elle a eu une rechute... je tiens pour elle, on passe le cap, comme toujours... mais je le paye systématiquement...
Pour le ménage, je suis devenue maniaque depuis la fragilité pulmonaire de Manon... et depuis mon tarvail de nounou aussi... je ne peux pas revenir d'un week end le dimanche soir sans que la cuisine soit javelisée, l'aspiro passé partout... les parents apprécient que ce soit nickel pour leurs enfants et je le comprends...
Voilà, c'est un peu le pourquoi du comment...
merci de m'épauler les filles, vous êtes extras...
bisous
véro

pistache a dit…

Pour avoir du temps pour soi, on est pas obligé d'etre vraiment seul et que cela dure longtemps. C'est personnel a chacun.Une marche de 15 minutes peu etre suffisant pour certaine personne

Véro a dit…

je dis comme pistache...

c'est pas la quantité qui compte, mais la qualité!

bon weekend!

Drew a dit…

Certain que devant la hauteur de la montagne on peut se surprendre à penser à des: "Oui mais"

Les bonheurs de la vie nous rattrapent assez rapidement par contre, nous faisant oublier ces pensées.

Je suis loin de prétendre que j'ai vécu tout ce que toi t'as vécue, seulement par contre que je peux comprendre ;)