Possessive, moi?

Ce matin je me suis levée à 6h45... vous allez me dire, qu'est-ce qu'on s'en tape!!! Elle ne va tout de même pas nous décrire comment de sa main nonchalante, elle a éteint son radio-réveil... comment elle s'est traînée jusqu'à la douche en prenant soin de ne pas réveiller les trois demoiselles encore dans les bras de morphée... comment elle s'est habillée avec lassitude devant son armoire qui ne lui tendait que des trucs en laine parce que le brouillard dehors n'augurait rien de bien chaleureux... comment elle a mis la chienne dans le jardin avec un coup de pied au derrière car celle-ci ronflait sur son coussin en velours placé juste sous le radiateur (elle devient sourde la pauvre!!)... comment elle a allumé la radio, laissant la voix de Pradel sur Europe 1 lui annoncer que l'affaire de "l'arche de Zoé" tournait au ridicule et au sinistre, que Sarko faisait des courbettes à son copain Bush, ce qui pour moi, avait aussi un goût de sinistre et de ridicule...
Bref une matinée comme une autre... un mari parti au boulot depuis une heure déjà... une ado qui remet sa nouvelle coiffure de la veille en place... deux demoiselles en pyjama qui s'étirent comme des chats sur le canapé du salon... la normalité la plus simple à décrire... comme partout dans le monde...
J'ai apprécié cette semaine de vacances rien qu'avec mes filles... je prends toujours beaucoup de plaisir à les regarder vivre, à prendre le temps au petit dej de papoter avec elles... à ressortir les vieux trésors que cachent leurs armoires... à prendre des bains moussants à la lueur des bougies quand on rentre du dehors, les joues rouges... avec la plus jeune, encore très accrochée à sa môman... à préparer des crêpes, des gaufres, avec mes assistantes dévouées (Zoé et Manon...)
J'ai un vrai attachement pour les moments simples et furtifs. Ils forment ma mémoire maternelle, me donnent des pincements au coeur quand ils sont ravivés par une odeur, un vêtement ancien, une anecdote... me font devenir moins exigeante avec la vie et avec moi-même... me montrent que rien n'est plus important qu'un moment partagé avec elles car déjà ce que j'ai vécu avec mes bébés commencent à s'estomper, à faire partie d'un passé que je n'ai pas vu s'étirer... comment ai-je pu me laisser étourdir par l'envie de les voir grandir, pour échapper aux nuits agitées par une otite à répétition? par l'envie de refaire des sorties d'adultes sans avoir des cernes sous les yeux, une fatigue sur les épaules... à afficher dès 22h le soir?... par l'envie de voir ce que ce sera d'avoir des conversations de mère et filles, de faire du shopping entre nanas, de regarder des films le soir en famille, de voyager partout...????

L'envie de vieillir est présente quand on se ne se sent pas les années partir... mais quand le compteur affiche presque la quarantaine, le sentiment d'avoir voulu griller les étapes émerge et fait réfléchir...

Je sais que je n'en ai jamais assez... que je ne les ai pas faites pour moi... que je les élève depuis onze ans et que c'est un privilège, un luxe... même si cela nous a obligé à faire des choix d'ordre matériel qui ne pourront plus être assouvis maintenant... et qui ma foi, n'avaient aucune espèce d'importance...

Je suis possessive, à ma façon... car elles ont une liberté que ma confiance leur accorde... elles ne sont pas bridées... elles vont et viennent si ça leur chante... mais sont devenues attachées à nous et à leur petite vie sans qu'on ne les oblige...

La possessivité n'est pas le bon mot... je suis juste accro à ma famille et à ma qualité de vie de petite mère au foyer... le plus beau métier du monde... celui qui restera dans mon coeur, qui baignera mes souvenirs... incontestablement...