Novembre...

La tombée de la nuit arrive vers 18h depuis une semaine... l'automne amène alors le sentiment d'être amputé d'une partie de la vie qu'on a laissé sur un bord de mer, cet été... l'impression de vivre moins... de poursuivre la fin de la journée dans une pénombre feutrée... derrière nos portes et volets clos pour garder une douce chaleur... laissée cet été... sur un fameux bord de mer...
Allumer des lumières orangées, mettre sur le feu un plat de légumes de saison qui embaume, entendre le clapotis du bain chaud du soir dans lequel se larve la petite dernière... c'est un rituel attaché à cette période de l'année... en plein mois d'août, à cette heure-ci, commence le petit tour du jardin après un retour de baignade, l'envie de se mettre sur la terrasse et de regarder les enfants jouer dehors, halés et vêtus légèrement... sans préoccupation de l'heure du bain... sans précipitation pour préparer le barbecue... le temps s'écoule... l'air réchauffe encore... et la soirée commence à peine....
Ce soir, c'est un plat de lasagnes maison qui cuit dans le four... Zoé a les menottes toutes flêtries par son séjour prolongé dans un bain bouillant... ses cheveux sont encore humides... son pyjama rouge tout doux lui donne une allure de père Noël... Julie s'est glissée dans une eau mousseuse à son tour... il fait 21° dans la maison... les bougies oranges propices pour Halloween s'accordent pour rendre l'ambiance confinée... juste reflet de la petite maisonnée que nous avons...
Kate Bush berce et comble le manque de relaxation qu'un jardin verdoyant m'apporte en été... assise sur mon banc de terrasse, juste spectatrice de la vie simple qui m'entoure et me rassure...
Elle est toujours là en automne... à m'offrir la limpidité de sa voix comme réconfort... je n'aime pas Novembre... c'est le mois que je déteste le plus dans l'année... depuis petite... et avec les années, cette sensation ne part pas...
Je ne cherche pas à savoir pourquoi nostalgie et novembre commencent pareil... c'est une fatalité chez moi... un passage à vide obligé pour finir l'année... un bilan peut-être... et une angoisse de l'année à venir... cela fait trois mois que notre délai "légal" de présence dans une même ville à expirer... nous ne faisions jamais plus de deux ans quelque part... se sentir attaché quelque part donne du beaume au coeur et en même temps la difficulté à se sentir sédentaire est une réalité... passer le cap de la stabilité, des projets à long terme, demande une vraie remise en question...
Le four commence à mêler son odeur à celle du bain moussant...
Manon plonge à son tour...
Kate entame ma chanson préférée... je vais aller finir ma lassitude automnale sur mon canapé... à l'écouter...