Je n'y suis pas née. Que les choses soient bien claires et répétées s'il le faut : je suis normande! Vous savez, les plages du débarquement, le Mont Saint-Michel, Deauville, Jeanne d'Arc... ça vous parle un petit peu.... un tout petit peu.....?????
Bah c'est chez moi!!!! Mes racines, mes origines, mon accent "mélodieux", je les dois à ma bonne vieille ville du Havre, mon fief, ma famille, mon port.... d'attache....
Et quoique que je fasse, je resterai toujours l'enfant du pays.
Cela ne veut pas dire que je suis fidèle. Il est difficile de faire carrière dans une ville particulièrement touchée par le chômage et le desoeuvrement... comme la mienne... les perspectives d'avenir n'ont jamais fait tilt dans ma tête et j'ai rapidement compris que si je voulais un travail, sûr, de suite... seule la capitale à deux heures de là était en mesure de me l'apporter... les concours de la fonction publique m'ont fait les yeux doux... c'était sous-entendu direction Paname, et ça n'a pas loupé... au revoir petite ville de province endormie, au revoir papa, maman, mamie, frérot, cousins et amis... J'ai débarqué avec ma valoche à la fin du mois d'août 91... toute jeunette et toute petite... aux pieds d'une tour du 13ème arrondissement... censée abriter la chambre qui me servirait de "foyer" le temps que je trouve un logement....
Paris m'effrayait. Pour les provinciaux, c'est le symbole du stress et de l'étouffement urbain par excellence... Y aller faire du shopping avec ma famille quand j'étais ado était une journée synonyme de fatigue et de tourmente : lire les plans du métro, se faufiler dans la Samaritaine ou les Halles, faire les quais, tenter les Champs Elysées et son Virgin megastore... Tout était foule, chaleur, bruit et précipitation. Revenir le soir en province nous semblait être le bonheur total, le calme, l'apaisement, la verdure, la mer... et on se disait dans nos têtes bourdonnantes que jamais, ô grand jamais on ne pourrait vivre dans une telle ville... que les parisiens étaient des gens gris et sans âme qui dormaient dans le métro et courraient sur les trotoirs... le coeur à cent à l'heure...
Et pourtant...
Paris est une ville merveilleuse. Elle est dans mon coeur à jamais et j'y ai vécu les plus belles années de ma vie... 10 années... Où je suis passée de jeune fille vivant en concubinage avec mon Jenfi, à femme mariée, puis à maman.... J'y ai connu ma vie de guichetière à la Poste, un congé parental et ma première garde d'enfant ... j'y ai tout fait... dans un tourbillon sans fin... au rythme de cette capitale qui ne s'arrête jamais...
j'ai traîné dans les restos, les cinés, les salles de concerts et de spectacles du temps où je n'avais que moi à trimbaler, frivole, insouciante... j'y ai marché à en user des paires de godasses plus que j'en avais l'habitude, sur les quais, sur les boulevards, dans les couloirs du métro... dans les parcs, les musées, les magasins, les monuments....
Je garde un souvenir ému et rêveur du 12ème arrondissement, où j'ai été nommée en tant que fonctionnaire, où nous avons loué notre premier 25m² Jenfi et moi, tout près de l'hopital Trousseau, à la limite de St Mandé... Et où nous sommes revenus vivre après la naissance de Manon, en plein quartier d'Aligre... mon coup de coeur, mon chez moi....
Jenfi travaillait près du Canal St Martin, nous y passions des soirées à se promener... j'allais le chercher au travail, nous mangions à emporter et nous naviguions dans les rues surpeuplées du 11ème, dans le petit quartier de la rue de la Roquette que j'aimais tant, près de la Bastille...
Paris n'a jamais été synonyme de fatigue et de brouhaha, parce que nous avions un pied à terre à nous, une vie de quartier géniale, des voisins prévenants... A Paris, tout le monde se parle, sur le quai du métro, dans un rayon de supermarché, sur la pelouse d'un parc... Tout le monde est déraciné et tout le monde se sent comme appartenant à une même et grande famille... Je ne me suis jamais sentie en insécurité car la vie y est permanente et personne ne fait rien d'autre que flâner, faire la fête, manger... Quand il est tard....
Paris offre toutes les possibilités de vie, rien ne semble inaccessible...
Tout se complique quand arrivent les enfants, le coût de la vie est excessif, les loyers délirants... Les sorties sont tentantes mais il faut pouvoir les assumer... surtout quand le nombre des enfants atteint trois et qu'acheter une voiture s'impose... Louer un parking grève le budget et le manque de facilité à se faufiler avec une poussette double et une mouflette accrochée à côté commence à peser... Tout devient corvée et tout ressemble à un amas de poussière et de blocs successifs... Le ciel bleu qu'on ne cherchait pas à voir quand on vivait en souterrain, qu'on travaillait et qu'on déboulait, semble soudain vital et Paris énerve... lasse... et pousse vers la sortie...
Nous avons tiré notre révérence en 2001, et passons depuis d'une ville à l'autre... Rouen, Le Havre, Bordeaux... Tout va au gré des suppressions de poste et des appels à candidature... Est-ce que Paris nous reverra un jour? rien n'est impossible... Jenfi et moi avons convenu que seule une mutation à l'étranger nous fera partir d'ici... Sinon ce sera retour à la case départ...
samedi 1 septembre 2007
Paris
Publié par Véro à 19:15
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5 commentaires:
Juste te lire, parler de la France, ça me fais rêver... et dire que c'est ton quotidien!
Pour moi le rêve, il est du côté de chez toi!!! Comme quoi on est tenté par ce qu'on n'a pas!!!!!
Évidement!
Mais pour nous c'est comme l'appel de la mère patrie!
merci véro!
j'aime beaucoup ce que tu .cris aussi... j'ai apprit de la maladie de ta fille 1
bisou
merci c'est gentil!!!
et zouh, un lien de plus!!!!
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