lundi 20 août 2007

résolutions de rentrée

La fin des vacances amène toujours un petit arrière goût de bilan... une envie de reprendre sa vie en mains, de trouver "la" meilleure organisation 2007-2008 qui soit... comme si je pouvais toujours faire mieux... pour ma tribu...
Ca me met toujours la tête en vrac, je ne sais pas pourquoi... je cogite. Je refais la déco (ah tiens, si je changeais le salon aux tons beige-anis-rouge en beige-chocolat-turquoise????)... Je range, lave les jouets et prépare des paniers en osier remplis pour les petits que je garde... les crayons-pastels sont remis à neuf... la petite table pliante et la petite chaise en rotin attend Noé pour une nouvelle année de coloriage... Je fouine dans les magasins et cherche le "parc" idéal qui pourrait siéger dans mon salon la journée et disparaître facilement le soir... Je vire les anciens biberons et en prévois des flambants neufs pour la petite titounette que je vais garder à partir de la Toussaint... Ne manquant pas de me dire "du temps de Julie, c'était pas aussi moderne et pratique..." ... c'est fou ce que le temps passe... tout évolue si vite...
Bref je ne sais pas pourquoi cette envie de faire "peau neuve" me gagne avant chaque reprise scolaire... J'aimerais m'attaquer aussi à "moi-même"... perdre la trace des "magnums" ingurgités cet été et rentrer dans mon jean de cet hiver... mais je me voile beaucoup la face et ne me lance dans rien de concret... comme toujours... je m'occupe des miens, en premier lieu... moi, je suis invisible... je ne suis plus une personne qui joue un rôle social avéré... donc je m'oublie...
Ce rôle social n'est plus depuis 1996, année de la naissance de Manon... onze années ont passé, un agrément de nounou en 98, un congé parental pour Zoé en 99... des mutations successives pour Jenfi... tout cela m'a écartée de mon travail d'avant...
Nous avons beaucoup reçu ce mois-ci, et j'ai aimé chaque soirée passée entre amis, chaque moment partagé, chaque conversation sur la vie du moment...
A l'approche de la quarantaine, les carrières de chacun sont lancées, les enfants sont pré-ados ou ados, les soucis de la petite enfance et la fatigue des nuits blanches ont disparu... chacun semble faire un peu comme si les enfants avaient un peu moins besoin de temps et d'attention, comme si il était temps de penser à soi-même avant que la cinquantaine n'arrive avec son lot de déconfiture professionnelle et son amas de douleurs osseuses... chacun veut se persuader d'avoir encore un brin de jeunesse suffisant pour faire un footing d'une heure chaque soir... chacun annonce fièrement qu'il mange bio et moins riche car il faut faire attention au cholestérol, aux poignées d'amour... chacun sort le plan d'agrandissement de sa maison pour montrer la nouvelle salle de gym en devenir, la superbe piscine sortie de terre... chacun parle de son chef irrascible et complètement abruti et avoue viser une autre agence ou un autre poste pour passer à autre chose et pouvoir partir au soleil cet hiver avec la prime d'avancement... chacun est parent... et aucun ne parle jamais de sa progéniture... sauf pour dire qu'il va resserer les boulons au niveau scolaire et brandir un emploi du temps magistral où règne vie scolaire, danse, judo, psy et garderie le soir jusqu'à pas d'heure....
Chacun sauf moi...
Je comprends que leurs préoccupations ne soient pas les miennes.
Je me demande juste si j'ai loupé quelque chose... si je vis sur une autre planète...
Me suis-je à ce point oubliée? Me faut-il un électrochoc?
Hier soir, nous avons quitté le Pays Basque après quatre jours de pure détente familiale. Pendant les deux heures de route, j'ai commencé à me livrer à mon homme. J'avais le sentiment d'être décalée, endormie. Je voulais avoir son impression.
Jenfi n'aime pas que je lui parle de "grand ménage" dans ma vie... il me laisse généralement parler et finit par dire qu'il respectera mon choix...
J'ai terminé mon speech sur un laconique "je vais demander une évaluation de carrière et reprendre mes études, du moins entamer une année de licence par correspondance..., en gardant deux enfants, je devrais y arriver en bûchant le soir..."...
Hier soir, après un très bon film partagé avec Julie et Jenfi (Ne le dis à personne), j'ai regardé mes mails... une ancienne collègue de la Poste qui travaillait avec moi à Paris, avait envoyé une cybercarte à mon adresse... j'avais eu de ses nouvelles à l'automne dernier, je savais que la Poste comptait supprimer son agence postale et que sa maman développait un cancer du sein... je n'avais pas eu d'autres nouvelles depuis...
J'ai découvert un joli faire-part de naissance, et un petit mot adorable...
Un troisième bébé-fille venait d'agrandir leur noyau déjà si mignon...
J'ai été émue, étonnée, et j'ai compris que mon amie avait choisi la "Vie", le renouveau, et tant pis pour la carrière... la Poste fait tout pour faire fuir ses fonctionnaires... il n'y a pas de grande espérance quant à une évolution positive de ce côté-là... je sais que je vais recevoir un jour une proposition de démisssion ou de départ anticipé à la retraite, voire une reclassification dans une autre administration...
Jenfi a regardé le joli bébé sur la carte et m'a dit "tu vois, elle est dans le vrai, comme toi... c'est pas par hasard que tu apprends ce soir que ton amie et ex-collègue a préféré se consacrer à sa famille... réfléchis-bien, Véro, ne fais-pas ce que la société te dicte... moi je sais que tu as un rôle et que tu ne sers pas à rien..."
Il est pourtant encore loin le temps où on me demandera, après un bon repas partagé entre amis socialement établis, "Alors et toi, ta carrière???".... mais tant pis... J'ai compris le message, Jenfi. Merci.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ouais, la carrière pour ce que ça rapporte... de l'argent, certes, mais aussi de droles de petites choses dont on nous a beaucoup parlé cet été: le psy, le prozac, l'ennui, les enfants qui fuient...
ouais, la carrière...