Je ne suis plus une jeune maman. Non, je ne fais pas ma crise pré-quarantaine, je vous le dis tout net, je-vais-bien...Aucune envie de me refaire la poitrine (le mot juste serait de me faire "greffer" la poitrine que la nature a oublié de me doter, mais bon....), aucune envie de boire de la soupe matin, midi et soir (pour voir enfin mon enrobage corporel flasque partir en flaque à mes pieds)... aucune envie de partir sur une île déserte en abandonnant mari et enfants à leur bon vouloir (j'ai pas l'allure d'une kohlanteuse ou d'une Kate de Lost!!!)... Non, rien à l'horizon qui présage un grand j'envoie-tout-en-l'air-avant-de-ne-plus-pouvoir-le-faire... Je n'ai aucune revendication.... qu'on me laisse ma 'tite vie, c'est tout ce que je demande...
A 3o ans, je n'avais pas cette sérénité er ce contentement facile. Avoir trois enfants en cinq ans d'intervalle, faire le choix de les élever et de "travailler" à la maison, avoir un budget chaotique, tout cela me mettait une pression et me bouchait carrément la vue sur l'avenir... je ne voyais rien changer... les enfants étaient demandeurs, tout le temps. J'étais devenue celle par qui tout va et vient... la plaque tournante, le baromètre... je pense que des fois, devenir minuscule et non-indispensable était un doux rêve convoîté, une illusion farfelue... je voulais juste disparaître, cinq petites minutes, juste pour une douche sans précipitation... juste pour un moment de rêverie devant un magazine... juste pour être moi cinq minutes!!!!
Bien sûr, je dois l'avouer, j'ai eu des bébés-filles vraiment faciles et sympas. Aucune n'a su me hérisser le poil sur la tête, me sortir de mes gonds, me pousser à bout... non, ce serait malhonnête de ma part que de leur mettre cela sur le dos. Elles n'ont jamais franchi les limites que Jenfi et moi avions tracé sur le sol impeccable de notre petite vie tranquille... elles savaient. Elles avaient un ryhtme assez rôdé vu leur maniaque de maman qui avait peur de mal faire, tout le temps.... et je pense que quelque part, ça les rassurait autant que moi...
Les maladies ont empoisonné notre quotidien, ça, on peut le dire... j'ai pesté, ronchonné, pleuré, contre cette incapacité à "sortir de moi-même" quelque chose "d'impeccable" ... je me suis sentie responsable et complètement dépourvue du mode d'emploi "mettre au monde un bébé 100% viable".... j'ai tenté de me donner corps et âme pour refaire démarrer le moteur familial sur les chapeaux de roue... au risque de me ronger et de m'user physiquement... je n'étais pas seule, j'avais mon homme là, tout près, vigilant, sécurisant... heureusement...
Je suis plus forte aujourd'hui qu'hier. Malgré les hauts et les bas. Je les regarde toutes les trois et je suis consciente d'être à la meilleure partie de ma vie... Les nuits blanches, les grosses fièvres, les difficultés scolaires, les bilans de santé... tout semble être plus derrière nous que devant... nous sommes au centre, à la mi-temps... après, il y aura le lycée, le bac et Julie commencera à nous échapper... nous serons alors 4 et plus 5.... c'est inconcevable et inenvisageable pour mon petit moral ... pour le moment...
Ca passe si vite... la fatigue a fini par s'échapper de mon corps de maman qui passait sans s'en apercevoir du biberon au thermomètre, du bain à la chaise haute, du jeu au calin.... lentement.... je suis de nouveau en possession de moi-même... elles se gèrent... se nourrissent, se lavent, s'habillent... sans moi... ce qui fait plus de temps pour les calins, les dialogues, les jeux, les sorties...
C'est maintenant qu'il faut en profiter, là, tout de suite...
J'en ai conscience....
Lire les témoignages de mes mamans blogueuses me rappelle chaque jour que c'était éreintant quand elles étaient petites... mais en même temps, je n'avais pas conscience que c'était une époque de leur vie si intense et si "toute à moi"... où je les avais rien que pour moi... petites poupées qu'elles étaient....
Je vais peut-être surprendre certaines, mais des fois, j'aimerais bien refaire une nuit de biberons, rien que pour revoir le regard d'une de mes filles plongé dans le mien, encore et encore... petit oeil si bleu marine, couleur océan, plein d'amour et de scintillement.... dans lequel j'aimais me noyer chaque nuit....
Avec tout ce que je sais aujourd'hui, ce serait bien de revenir en arrière, juste une fois....
mercredi 19 septembre 2007
Va et vient...
Publié par Véro à 14:35
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
3 commentaires:
Juste une fois, alors...
Mais c'est vrai que c'était des moments de grace: 3h du mat, l'oeil glauque, en train de se demander si on en est à 3 ou 4 cuillères de lait pour faire le bib' puis trainer les pieds jusqu'au lit de la pupuce qui nous regarde mega intensement -on est la plus belle chose au monde- la prendre delicatement contre soi et aller s'installer devant la fenetre (ou la télé en sourdine), sous les etoiles, seuls au monde dans le silence de la nuit... c'est vrai que c'etait bien, mais... la place aux autres !!! J'vous aime bien les filles, mais maintenant, j'aime bien mon plume aussi !
Ben moi je te comprends. J'y suis en plein dedans et pourtant ça va je le gère bien. J'aimais bien donner la tétée à mon bébé la nuit c'est unique. C'est vrai qu'on aimerait bien pioncer mais c'est un moment magique qu'on partage avec son bébé (euh dans mon cas pas du tout avec le papa qui fait le mort, genre j'ai rien entendu).
Et même s'il fait ses nuits maintenant ça lui arrive souvent de se réveiller ou de se lever trop tôt et là je dois avouer que je m'en passerais bien tout de même !
J'en suis exactement à la phase que tu décris : je rêve d'une vraie nuit qui durerait genre jusqu'à 8h30 (je suis pas très exigeante!) et sans aucune interruption ! Et aussi d'avoir des moments rien que pour moi dans la journée (c'est pas mal aussi !).
Mais bon ils me font tellement craquer mes loulous entre les sourires de Justin le tombeur et les zozotteries de la miss Emilie, que je leur pardonne !
Jéjé qui fait le mort, j'y crois pas!!!! Ton frère est un petit dormeur donc j'ai eu la chance de faire un bib sur deux, cool!!!! bien sûr, quand on allaite comme toi, bah le papa... sert pas à grand chose!!!!! mais bon, c'est certainement une chouette expérience d'allaiter, que je n'ai pas connu... dommage...
Pour les nuits flinguées, oui, là, ça tappe sur le système... surtout que tu as repris le boulot et que tu peux pas te permettre de roupiller devant tes élèves!!!! Là, je compatis... espérons que Justin devienne moins matinal... et que tout rentre dans l'ordre...
Enregistrer un commentaire