Ca y est. Les deux semaines ont filé à une allure folle. J'ai attendu toute une année ce repos couleur bleu marine... ce paysage aride bordé de mers turquoises... ce violet d'une bougainvillée aggripée le long d'une maison ocre... et c'est déjà fini. J'ai senti ce matin au réveil que le sable partait déjà des draps du lit, comme pour me dire au revoir... j'ai écouté les vacanciers arriver dans les locations voisines aux nôtres, heureux d'avoir atteint leur but après une nuit de route... et j'ai osé les jalouser trente secondes.
C'est toujours dur de partir de l'Escala. Il y a quelque chose là bas qui m'est indispensable. Je me suis endormie hier soir aux côtés de mon petit homme, dans le canapé lit, face à la terrasse ombragée et cachée des regards... Nous avions ouverts la porte fenêtre en grand, l'air était chaud... le petit bar du bout de la rue accueillait encore les fêtards qui avaient traîné sur le bord de mer. Leurs rires nous parvenaient et nous berçaient... Je lui ai dit à voix basse, comme pour ne pas couper la parole aux joyeux lurons du trottoir d'en face :
"Tu sais, on commence à connaître tous les coins de Perpignan à Barcelone, et pourtant, je ne me vois pas ne pas revenir ici l'an prochain... pourquoi je ressens cet attachement?"
Il n'a pas paru surpris.
"ouais je me le disais moi aussi!!!!... j'ai toujours dit que je détestais l'idée d'avoir un point d'attache quelque part, que fallait passer à autre chose, mais là, j'y arrive pas non plus..."
J'ai souri. Nous étions bien faits dans le même moule, lui et moi.
L'idée de nous ressourcer là-bas me parait logique, vicérale, écrite d'avance. Ce petit coin de la planète est "notre chez nous". Il y a toujours un endroit quelque part qui nous ressemble, qui nous attend... Nous l'avons trouvé. Nous en sommes convaincus. Il n'y a pas d'explication. On ne tient pas particulièrement à en trouver une. On sait juste que nous sommes toujours remplis de joie là bas. Et on se prend à rêver d'y acquérir un pied à terre, un jour... comme pour y marquer notre empreinte... notre avenir aussi...
Ce matin, la chaleur a accompagné chacun de mes gestes remplis de désinvolture... boucler la valise, défaire les lits, balayer, nettoyer... tout était mécanique... j'ai regardé passer les nouveaux vacanciers chargés de leurs bouées et équipements de plage par la fenêtre entre-ouverte de la chambre où dormaient les filles...
Nous n'allions pas les suivre, tout justes vêtus de notre maillot et de notre paréo, affublés de nos casquettes et lunettes noires, nos dessous de bras chatouillés par la largeur de nos sacs de plage contenants les inévitables seaux, pelles, tubas, crème solaire, tente de plage, parasol et bouquins en cours...
Nous n'allions pas nager jusqu'à la limite autorisée, couler papy en douce, faire trois fois la planche parce que Zoé détient le record de flottaison et qu'on s'est juré de la battre... Nous n'allions pas replier notre étalage vers treize heures, foncer prendre un poulet rôti et s'attabler affamés comme des nageurs éreintés...
Nous n'allions pas prendre un café sur la terrasse à moitié avachis par la chaleur maximale de la journée, devant un "femme actuelle" bourré de conseils de régime et de bronzage sublime, avec en bruit de fond le tour de France que papy tente de regarder entre deux ronflements dans le salon bien frais...
Nous n'allions pas ressortir vers seize heures pour visiter Pals et son architecture médiévale.... déambuler dans les ruelles étroites de ce petit village fleuri et magnifique, attirés par les céramiques colorées qui débordent dans les rues piétonnes... Nous n'allions pas revenir vers vingt heures et se jeter sur ce super chorizo et cette sangria fraîchement dénichés chez un producteur du coin... accompagnés des tartines toastées, frottées à la tomate et tapissées d'un anchois que nous ne dégustons que là-bas... Nous n'allions pas faire la balade du bord de mer vers vingt deux heures, happés par la foule, enivrés par les vendeurs de glaces et de granitas qu'aiment tant les filles, amusés par les mimes, peintres et danseurs amateurs qui bordent la promenade... Nous n'allions pas rentrer exténués, les pieds pleins de poussière et de sable, avec les filles ravies d'avoir fait un tour de karting à la foire qui boucle la promenade du front de mer... la mine bronzée et rayonnante, la bouche assoiffée par les rires qu'elles ont lâché sans retenue...
Non, nous n'allions pas faire tout cela...
Nous sommes partis, avec un pincement au coeur et avec l'envie de crier "à dans un an l'Escala!!!!" tout en sachant que c'est difficile de savoir... ce qu'on fera dans un an...
Nul doute que nous avons rechargé les batteries...
Nul doute que je suis en pleine forme...
Nul doute que les filles ont une mine de capitaine...
Nul doute que ce n'est qu'un "au revoir"...
Le petit sourire en coin que j'ai eu aux lèvres en quittant ce bord de mer de Catalogne n'était pas de la tristesse, mais un signe de connivence et de certitude que L'Escala et moi, c'est une longue histoire d'amour... qui n'a pas dit son dernier mot... ce n'est que le début... le tout début...
Souvenirs de Catalogne:
dimanche 22 juillet 2007
La Catalogne
Publié par Véro à 21:53
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1 commentaire:
Ahhh je vois que les vacances étaient bonnes !!! Super !!! Malheureusement aujourd'hui que vous revenez il pleut.....c'est pas de bol !!!Allez vivement que vous nous racontiez les vacances en détail !!!Bye
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